Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon_
Aux origines de la famille Denys
La famille Denis (avec l'écriture DENYS) est présente à Mouzillon au milieu du XVIIème siècle.
Matthieu DENIS habite le bourg. Il semble être un personnage : il est le parrain de plusieurs enfants et assiste aux sépultures. Fréquemment il signe les actes auprès du responsable de la paroisse. Il est qualifié de "mareschal" ou de "taillandier". Cette profession indique qu'il avait un atelier lui permettant de travailler le fer, c'est à dire les outils pour les travaux manuels et pour le matériel des fermes.
Parmi ses beaux-frères sont cités Louis Goureau et Julien Guichet (beaux-frères par son épouse Louise Bouvié), parmi ses neveux Jacques Mesnager, Laurent Mesnager, Pierre Mesnager... ses gendres sont Jean Bahuau, Pierre Goislot, Bouillot. Les signatures sur l'acte de mariage du fils Guillaume DENIS, le 24 juillet 1684, attestent d'une vie collective affirmée et d'un niveau de culture certain.
Son fils exerce la même profession. Mais pour les générations suivantes, les registres ne mentionnent plus la profession. Cette indication nous manque.
La descendance se marie à Mouzillon. La profession évolue et nous les retrouverons agriculteurs sur de petites parcelles de terre et de vigne dont ils sont devenus propriétaires comme la majorité de ceux qui les entourent.
Avant d'arriver au Grand Plessix
Taillandier
Avant d'arriver au Grand Plessix, la famille Denis habitait le bourg de Mouzillon depuis le XVIIème siècle. Leurs demeures se situaient rue Saint Vincent et probablement aussi leur forge ou leur atelier où ils ont exercé la profession de "taillandier". La profession de taillandier était assez répandue : leur travail consistait à aiguiser à préparer les outils de la taille. Ils travaillent le fer et préparent les outils dans une société où presque tout se fait à la main.
Où était la famille DENIS avant d'être à Mouzillon ? Cette question reste aujourd'hui sans réponse. Où avait-ils appris leur métier ?
Comme le montre l'arbre généalogique, le nombre de personnes de la commune portant le nom de DENIS avait considérablement augmenté au cours du XVIIIème siècle. De plus cette famille s'était implantée là sans chercher à migrer ailleurs. Le nombre de mariages entre cousins plus ou moins rapprochés est important (en jaune sur l'arbre généalogique).
Les DENIS possédaient, au bourg de Mouzillon, deux maisons situées rue Saint Vincent et une ancienne maison transformée en cellier comme en témoignent différents actes ; ce dernier bâtiment est situé rue du Pont Gallo-romain.
Le registre des délibérations du conseil municipal, en date du 01/03/1832 précise : "les élection communales [...] sont fixées à jeudi prochain 8 mars courant. Ces élections commenceront à 8h00 du matin et auront lieu en la maison de Alexis DENIS du Grand Plessix, sise au bourg de Mouzillon". Alexis DENIS est donc propriétaire d'une maison au bourg de Mouzillon. Vraisemblablement, cette maison est celle qui est située 7 rue Saint Vincent et qui fut depuis habitée ensuite par un descendant de cette famille.
une migration significative
A la fin du XVIIème siècle les DENIS sont taillandiers, puis peu à peu, les registres cessant de citer l'activité professionnelle nous manquons de précisions... mais un siècle plus tard ils sont tous devenus propriétaire soit par mariage avec une héritière, soit par achat de terre ou de vigne.
La migration professionnelle de cette famille pourrait paraitre anecdotique. Mais ce passage d'une activité professionnelle spécialisée vers la culture de la vigne va toucher toutes les professions, aussi bien les taillandiers que les meuniers, que les boulangers, les tonneliers...
Ainsi apparait une caractéristique de cette population sur trois siècles : peu à peu tous deviennent viticulteurs. Pour quelles raisons cette mutation est-il ordinaire dans ce contexte?
S'il s'agissait psychologiquement d'un mimétisme, ce mimétisme reste à découvrir. Pourquoi veulent-ils devenir viticulteur ? alors que cette communauté humaine a besoin de taillandier-forgeron, de boulanger, de tonnelier... Peut-être l'activité professionnelle la plus noble est-elle la culture de la vigne ?
S'il s'agissait une orientation économique, il faudrait justifier ce orientation vers une monoculture qui phagocyterait tout. Au final toutes ces petites exploitations ont-elles permis de cumuler plus de richesse que n'importe quelle autre activité professionnelle ?
S'il s'agissait d'un déterminisme sociologique, il faudrait en indiquer les axes principaux comme des principes dans les héritages, dans les relations homme-femme, dans le choix des responsables-représentants.
Quoi qu'il en soit ce mouvement, cette migration vers la viticulture est une caractéristique de Mouzillon.
Les DENIS en France
Des mariages qui sont célébrés le 10 juin
Puisqu'il faut commencer par un événement de la chronologie, je propose le mariage de Auguste Denis qui est né au Grand-Plessix à Mouzillon en 1840; il a 42 ans au moment de ce mariage. Il est le fils de Augustin-Mathurin Denis et de Marie Mauvilain
Deux frères sont nés après lui : - Prudent-Prospert Denis en 1844, de 4 ans son cadet, - et Baptiste Denis en 1849, 9 ans après lui.
Cette fratrie s'inscrit dans une lignée puisqu'au dix-huitième et au dix-neuvième siècles, la généalogie des Denis est en majorité mouzillonnaise.
Du côté de leur père c'est le village du Grand Plessix qui est leur lieu de vie depuis de nombreuses générations.
Déjà , soixante seize ans plus tôt, jour pour jour, le 10 juin 1806, leur grand-père paternel, Augustin Denis né le 27/04/ 1775 (fils de Pierre Denis --1724- 01/06/1784-- et de Jeanne Bahuaud, présente au mariage du 10/06/1806 ) épousait Marie Guérin née le 10/05/1788 (fille de Mathurin Guérin et de Louise Organ) .
En 1806
le marié avait 31 ans, il était veuf de Jeanne Sauvion. En revanche, la mariée n'avait que 18 ans. l'écart d'âge entre les membres de ce couple est de 13 ans. Ce couple aura 7 enfants :
1- Marie Denis, née le 11 octobre1807, qui épousera en 1835 Louis Sauvion : le couple s'installera au village du Douaud à Mouzillon;
2- Louise Denis, née le 08 décembre 1808, qui épousera Joseph Gregoire du village de l'Aiguilette à Mouzillon où le couple s'installera. La génération suivante aura à nouveau un lien de parenté supplémentaire par la famille Luneau;
3- Augustin-Mathurin Denis, né le 12 août 1811, qui épousera Marie Mauvilain; le couple s'installera au Grand Plessix; il regroupera les terres de la métairie en une unité et sa descendance s'implantera pour longtemps dans ce village;
4- Augustine Denis, née le 8 octobre 1814; elle va travailler comme "cultivatrice" au Grand Plessix, sur l'exploitation de son frère Augustin-Mathurin. Puis elle va quitter le village en se mariant avec Benjamin Boudeau;
5- Julien-Henri (souvent appelé Henri) Denis, né en 1826 qui épousera en 1ère noce (1857) Louise Elisabeth Rosier avec qui il aura une fille, Marie Denis en 2ème noce (1864) Marie Denis, de 6 ans plus jeune que lui, avec qui il aura 4 enfants :
** Marie Adélaîde en 1865, qui sera religieuse au couvent de Torfou,
** Henriette Denis née en 1867 qui épousera Pierre Bretonnière,
** Marie Augustine Denis , née en 1869 qui épousera Joseph Begaud et dont la descendance s'implantera durablement au Grand-Plessix,
** et Germaine Denis, née en 1874 qui sera religieuse au Canada.
6- Pierre Denis, né et mort en 1828
7- Prudent-Benjamin (souvent appelé Benjamin) Denis, né en 1830. Il épousera Marie Babonneau en 1862 et s'installera au village du Douaud à Mouzillon. Un de ses descendants s'installera sur Nantes.
Le 6 juin 1806, l'acte de mariage est signé par le marié Augustin Denis et par le père de la mariée Mathurin Guérin. Où ont-ils appris à écrire ? à Mouzillon, l'école des garçons située rue de l'évêché, près du prieuré existait-elle ou sont-ils allés à l'école ailleurs ? En revanche ces femmes ne savent pas encore signer.
Ce mariage de 1806 présentait une particularité que l'on retrouvera plus tard dans cette famille Denis : une forme d'endogamie, c'est à dire que les conjoints sont d'une certaine manière de la même famille, même s'ils ne sont pas du même sang. En effet, la mère de cet Augustin Denis est la troisième épouse du grand-père de Marie Guérin.
Ainsi, le jour du mariage la belle mère de la mariée est l'épouse de son grand-père.
Toujours en 1806
le jeune frère du marié, Alexis Denis né en 1784 (fils de Pierre Denis --1724-1784-- et de Jeanne Bahuaud ) épousera le même jour la jeune sœur de la mariée Louise Guérin, née le 01/05/1790, âgée de 16 ans 3 mois et 10 jours au moment du mariage. L'écart d'age entre les membres du couple est d'un peu plus de 6 ans. Ce dernier couple aura 3 enfants :
1- une fille Jeanne-Élisabeth Denis, né en 1811, qui épousera François Couilleau et fera souche au village de la Massionière.
2- une seconde fille Louise Denis, née en 1813, qui épousera Jean Denis et fera souche au village de la Barillière.
3- un fils Félix-Jean, né le 19/01/1819 au Grand Plessix qui ira plus tard s'installer au bourg. Cet acte de mariage est signé par Augustin Denis et Mathurin Guérin, comme le précédent, le marié et la mariée ne peuvent donc signer. En 1848, le fils Félix signera l'acte de décès de sa sœur Louise.
Deux questions surgissent :
1- Que s'est-il passé pour que cette endogamie se développe à ce point ?
2- Que s'est-il passé pour que la famille Guérin marie deux filles encore jeunes aux deux frères ?
Une première réponse est perceptible dans le contexte historique. Cette génération avait traversé la période de la révolution française et les guerres de Vendée; le grand-père Guérin avait connu trois mariages... dont le dernier avec une veuve Bahuaud qui a su placer ses enfants dans une structure d'avenir puisque le Grand-Plessix présente de grands champs en comparaison des parcelles de terre et de vigne que les petits propriétaires partagent de façon égalitaire entre leurs enfants à chaque génération. L'endogamie du mariage serait une réponse de repli dans ce contexte de bouleversements.
Une deuxième réponse peut être envisagée dans une perspective plus psycho-sociologique. Les frères DENIS avaient l'ambition, ou avaient assumé l'ambition de leur mère, de s'implanter dans ce village; en 1806, le mariage leur a permis de réaliser cette ambition. Ou alors est-ce l'ambition des deux sœurs GUERIN de choisir de hommes qui assureront la conduite de la métairie du Grand Plessix ?